Quoi que ce soit, cela n’est pas mien (N’etam mama)
Quoi que ce soit, je ne suis pas cela (N’eso’ham asmi)
Quoi que ce soit, cela n’est pas mon ego (Na me so attā)

Il y a un sans naissance, sans devenir, sans création, sans conditions
atthi ajātaṃ abhūtaṃ akataṃ asankhataṃ


La prévalence du Dharma

Le Dharma est un chemin akāliko « atemporel », mais qui se perd dans les périodes d’obscurantisme. Les Grands Éveillés, les Bouddhas, retrouvent ce chemin qui est le « support » de l’ascèse (DHṚ- « supporter ») menant à la Connaissance transcendante (Prajñā), à la cessation de l’illusion du « moi » et à l’atteinte de l’Inconditionné, l’Absolu ; ainsi, tous les « problèmes » de la condition humaine sont anéantis.

Il y a donc prévalence du Dharma, que le Bouddha lui-même révère, auquel il obéit et qu’il sert, comme le montre clairement cet extrait d’un Sutta de l’Anguttara Nikāya (Ch. III-21).

(Évidemment, nous aurions préféré que ce fût un humain qui ait approuvé le Bouddha, et non Brahmā Sahaṁpati, Brahmā, le Mahābrahmā, chef du « monde » Brahmāloka des existences subtiles, en seize « cieux », dont nous, les Sceptiques, mettons sérieusement en doute l’existence ! Peu importe, quel que soit l’approbateur, nous nous réjouissons de l’approbation.)

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« En ce temps-là, le Bhagavat demeurait à Sāvatthi, dans le parc d’Anathapindika, dans le bois Jeta. Alors, le Bhagavat s’adressa aux Bhikkhous :

« En une certaine occasion, bhikkhous, je demeurais à Uruvela, sur le bord de la rivière Nerañjāra, sous le Banyan des bergers, juste après que je devins complètement Éveillé. Alors me vint cette idée, comme j’étais en méditation, seul : mal à l’aise demeure cet homme qui ne révère pas, n’obéit pas. Qu’en serait-il si je demeurais honorant, révérant quelque ascète ou brāhmin et le servant ?

« Alors, bhikkhous, je fus celui qui eut cette idée : pour la perfection de la totalité de l’éthique (sīla) (supposée) encore imparfaite, je voudrais demeurer ainsi, obéissant à un ascète ou brāhmin, le révérant et le servant. Mais, aucunement dans ce monde, avec les deva, māra, brāhma, aucunement dans cette troupe des ascètes et brāhmin, aucunement dans ce monde des deva et des hommes, ne puis-je voir quelque ascète ou brāhmin plus parfait que moi-même en éthique et que, pour l’honorer, je puisse demeurer à révérer, lui obéissant et le servant.

(Même discours avec la totalité de la concentration (samādhi), de la Connaissance Transcendante (paññā) et de la libération (vimutti).)

« Alors, bhikkhous, je fus celui qui eut cette idée : qu’en serait-il si le Dharma dans lequel je fus parfaitement éveillé, je demeurais l’honorant, lui obéissant et le servant ?

« Sur ce, bhikkhous, Brahmā Sahaṁpati connaissant cette idée qui était dans mon cœur (citta), juste comme un homme fort tend son bras plié, ou plie son bras tendu, juste ainsi, il disparut du monde de Brahmā et apparut devant moi.

« Alors, bhikkhous, Brahmā Sahaṁpati, plaçant sa robe de dessus sur une épaule, avec son genou droit pressant le sol, tendit ses mains, paumes jointes vers moi, et dit :

“Ainsi est-ce Bhagavat ! Ainsi est-ce, Bien Allé ! Qui que ce soit dans le temps passé, Arahant Parfaitement Eveillés, ces Bhagavat demeuraient ainsi, honorant, révérant et servant le Dharma. Qui que ce soit dans le futur qui sera Arahant…, devra aussi demeurer honorant, révérant et servant le Dharma. » Ainsi parla Brahmā Sahaṁpati. Disant ainsi, il ajouta cela :

Les Parfaits Bouddhas qui ont passé,
Les Parfaits Bouddhas encore à venir,
Le Parfait Bouddha qui est maintenant,
Et qui ont, pour beaucoup, banni le malheur,
Tous demeurèrent honorant le Dharma,
Demeurent ainsi et demeureront : c’est leur voie.
Ainsi celui pour qui le « moi » est cher,
Qui arde pour le « Grand Moi »,
Il doit rendre hommage au Dharma,
Se souvenant des Paroles du Bouddha.”

« Ainsi parla Brahmā Sahaṁpati, bhikkhous. Ayant ainsi parlé, il me salua et, tournant autour de moi par la droite, disparut.

« Alors, bhikkhous, voyant que c’était le souhait de Brahmā et, cela me convenant, je demeurais honorant, révérant, obéissant et servant ce vrai Dharma qui avait été bien compris par moi. De plus, bhikkhous, depuis que cet ordre est devenu possesseur de grandeur, je tiens aussi cet ordre en grande estime [l’ordre des bhikkhous].

« Mais si je devais enseigner ce Dharma et que les autres ne pouvaient me comprendre, ce serait une fatigue pour moi, ce serait une contrariété pour moi. De plus ces paroles non entendues dans le passé me vinrent spontanément à l’idée :

“Ceci qu’à travers tant de peines j’ai obtenu,
Assez ! Pourquoi le ferai-je connaître ?
Par ces gens consumés par la jouissance et la haine,
Ce dharma n’est pas compris.
Conduisant contre le courant,
Profond, subtil, difficile à voir, délicat,
Non vu par les esclaves des passions,
Plongés dans les ténèbres de l’ignorance”.

« Mais Brahmā Sahaṁpati intervint :

“Révèle-toi, toi le héros, gagne la bataille,
Toi le conducteur de caravane, sans une dette,
Marche dans le monde. Que le Bhagavat
enseigne le Dharma : ceux qui apprennent croîtront”

« Alors le Bouddha contempla le monde. Il vit certaines existences avec peu de poussière dans les yeux, d’autres avec beaucoup de poussière. Et le Bouddha enseigna le Dharma, en commençant par le groupe des cinq ascètes qu’il avait fréquentés. »


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